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NOMMÉ GARDIEN DE LA RIVIÈRE GODBOUT

meilleur sort. On tenta une troisième épreuve avec la ligne de soie. Elle résista un peu plus longtemps, mais lorsqu’on voulut me donner le grand coup, la ligne se brisa, sans produire le moindre effet sur moi. De sorte que je ne crois pas la chose possible, à moins que le nageur soit poursuivi par un bateau, ce qui, à la longue, l’épuiserait, sans même être accroché à aucune ligne.

J’eus un jour la fantaisie de prendre un saumon à la nage. Dans la fosse supérieure de la Godbout, grand nombre de saumons s’entassaient au pieds des cascades en attendant une quantité d’eau suffisante pour leur permettre de sauter. Dans ces circonstances ils paraissent agités, ne touchent pas à une seule mouche, vont de côté d’autre, parfois se montrent à la surface, parfois descendent au fond ou font soudain un saut.

Près de l’angle ouest des cascades, se dresse une falaise escarpée, émergeant d’une eau profonde, mais comparativement tranquille. De la crête de ce rocher je pouvais clairement distinguer leurs mouvements, et, en guettant le premier qui viendrait près de la surface, piquer une tête et l’empoigner. Pour commencer je n’eus pas grand succès, malgré que parfois j’en sentais un sous la main ; avec un peu d’exercice, je réussis à en saisir un de temps à autre par la queue, mais sans pouvoir le tenir plus d’une seconde ou deux. J’ai recommencé cet exploit une fois à la demande de M. Charles Hallock alors rédacteur du Forest and Stream.