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LE CASTOR

ment, il ne peut avoir assez de prise ; quelques touffes de poil, voilà tout ce qu’en retirera le trappeur ce jour-là.

Si, par hasard, il se faisait prendre par une patte de devant, très souvent il s’abstiendra de secouer immédiatement le piège, mais se coupera la patte avec ses incisives. S’il n’exécute pas cette opération, il essayera de se délivrer du piège en se mettant à la nage, et c’est alors que se présente le point important.

Le piège doit être muni d’un poids. Au moyen de deux ou trois longueurs de ficelle forte, ou mieux encore d’un bout de broche, on attache une pierre de cinq ou six livres pesant, à la barre de fer en dessous du piège. En s’en allant, le castor n’éprouve pas de difficulté à traîner tout ce poids en eau profonde jusqu’au bout de la broche ou de la ficelle. Il tentera alors de remonter à terre, mais, retenu qu’il se trouve par le poids, il se noie. Si le piège n’a pas de poids, il y a cinquante chances contre une qu’il s’en débarrassera d’une façon ou d’une autre et il y a aussi chance que l’on ne revoie jamais le piège. J’ai vu un castor âgé de trois ans, pris dans un gros piège No 4, dont la chaîne avait été fixée au moyen d’un crampon planté dans un arbre de neuf ou dix pieds de long, emporter tout le bataclan à 150 verges de distance dans le lac, avant de se noyer.

Pour tendre des pièges sous la glace en hiver, il n’est pas besoin de leur mettre un poids. L’emploi du castoreum comme appât odorant est excellent au printemps, mais pas absolument nécessaire en d’autres saisons. Un attrayant jeune bouleau ou peuplier planté sur le rivage, près du piège et incliné du côté de celui-ci, est tout ce qu’il faut. Dans la manipulation des pièges et des appâts, la propreté est essentielle.