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HISTOIRES D’OURS

peine de s’y arrêter deux jours pour y faire la chasse, et qu’on y rencontrerait aussi de l’antilope, du daim et de l’élan.

Le lendemain matin, les chasseurs se divisèrent en deux partis : le baron, le lieutenant Thompson et le guide métis devaient prendre le côté ouest de la crique, tandis que le lieutenant Waite et moi, nous devions suivre le côté est ; le colonel Hart et le Dr  Woods devaient passer la journée au camp, attendu que le Docteur, étant un peu sur l’âge, se sentait fatigué.

Notre plan était de remonter à cheval le long de la crique jusqu’aux contreforts des montagnes, distance d’environ cinq milles, d’attacher nos chevaux dans l’endroit et de partir en chasse à travers le bois.

Le lieutenant Waite, quoique tout jeune homme alors, avait déjà fait beaucoup de service et s’était particulièrement distingué durant un soulèvement des Araphoes. Il connaissait aussi assez bien la forêt pour pouvoir y chasser tout seul.

En arrivant au pied des montagnes, nous attachâmes nos chevaux à des piquets ; le lieutenant montait un grand cheval de cavalerie et moi un mustang ou poney sauvage. Précisément dans l’endroit il y avait une grande étendue de grosses épinettes dont la taille allait graduellement en décroissance à mesure que nous gravissions les hauteurs, jusqu’à ce qu’enfin nous eûmes franchi la limite du bois. Le bois d’épinettes était de la forme d’un triangle dont le sommet était près de la crique.

Nous avions laissé notre lunch et tous les autres effets embarrassants avec nos chevaux, attendu la raide ascension que nous avions à faire. Nous décidâmes de nous diriger du côté d’un espace libre à l’est du bois, puis ensuite de descendre, chacun de nous prenant un côté du bois pour nous rencontrer au pied, si nous ne rencontrions pas de gibier. De cette façon