Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/36

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les plus beaux jours ; pourtant elle n’eut pas d’influence sur sa robuste santé, et le travail incessant et vigoureux de son cerveau continua sans interruption.

C’était un fanatique que Gustave Flaubert ; il avait pris l’art pour son Dieu, et comme un dévot, il a connu toutes les tortures et tous les enivrements de l’amour qui se sacrifie. Après les heures passées en communion avec la forme abstraite, le mystique redevenait homme, était bon vivant, riait d’un franc rire, débordant de verve et mettant un entrain charmant à raconter une anecdote plaisante, un souvenir personnel. Un de ses plus grands plaisirs était d’amuser ceux qui l’entouraient. Pour m’égayer quand j’étais triste ou malade, que n’eût-il pas fait ?

Il est facile de sentir l’honnêteté de ses origines. De son père il avait reçu sa tendance à l’expérimentalisme, cette obser-