Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/95

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cupaient son esprit. Il parlait surtout d’un conte sur les Thermopyles qu’il allait commencer. Il trouvait qu’il avait perdu trop de temps aux recherches préparatoires de ses œuvres et voulait employer le reste de sa vie à l’art pur. La préoccupation de la forme croissait, ce qui lui fit un jour s’écrier dans une de ses boutades chaudes et spontanées : « Je me fiche bien de l’Idée ! » Puis, se mettant aussitôt à rire aux éclats : « Pas mal ça, hein ? c’est d’un bon lyrisme, je commence à comprendre l’art. »

Un vrai artiste pour lui ne pouvait être méchant, un artiste est avant tout un observateur ; la première qualité pour voir est de posséder de bons yeux. S’ils sont troublés par les passions, c’est-à-dire par un intérêt personnel, les choses échappent ; un bon cœur donne tant d’esprit !