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LES PANTINS

le libertinage ; je ne vous entretiendrai pas des premières occupations de ma jeunesse : jouer au bordel le rôle d’escroc et de tapageur, friponner les marchands, entasser les mauvaises affaires les unes sur les autres, telles sont les peccadilles dont je fatiguerais vos oreilles ; je ne prendrai donc mon récit que de mon entrée à la comédie.

Je fus à peine arrivé à Genève, que je foutis l’épouse du directeur d’un consistoire. Ah ! compère, quelle délicieuse jouissance que celle que m’a procurée madame la Vallée ! (C’est le nom de la dame.) Si je me fusse borné au doux plaisir de la foutre, je n’aurais fait en cela que ce qu’ont fait bien d’autres ; mais, monstre d’ingratitude, je l’ai volée, diffamée, et lui ai emporté plus de six à sept mille livres d’argent et de bijoux, lorsque je fus contraint de m’éloigner après sa séparation avec son époux.