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comptes rendus de l’académie des inscriptions

Nous pouvons maintenant présenter un tableau à la fois stratigraphique et géographique de cette évolution (voir à la page suivante).

Dans la dernière partie du XIe siècle, cet ensemble considérable de formes qu’a produites l’art du premier art roman se transforme et donne naissance au second art roman. Les principales caractéristiques de cette transformation sont la restauration de l’art du tailleur de pierres transformant la taille, la forme et les dimensions de l’appareil ; la propagation de la colonne, qui devient même un élément décoratif ; enfin la réapparition de la sculpture.

La transformation est graduelle. Elle commence par la modification du travail de la pierre qui se fait avec des instruments taillants, comme c’était la coutume romaine. Ce désir d’imitation des appareils antiques est parfois révélé par les documents. D’autres fois, on trouve des appréciations sur leur beauté et les mots « opere pulcro » et même « novo scemate » apparaissent dans les textes. Bientôt la nouvelle technique atteint les arcatures, et les arcs lombards deviennent monolithes. Alors se construisent des édifices qui sont de véritables copies du premier art roman exécutés avec le nouvel appareil. L’aire géographique de ce style est vaste et parvient jusqu’aux confins du monde roman. La multiplication des colonnes arrive ensuite et avec elle la sculpture. Tout angle est remplacé par une colonne. En appliquant ce seul principe, on fait dériver du premier art roman la majeure partie des éléments du second art roman. Si nous additionnons les trois éléments typiques des églises que produisent les IXe, Xe et XIe siècles, nous obtiendrons la majeure partie des œuvres conçues par le second art roman.

On ne veut pas dire par là qu’on a expliqué toute la complexité du second art roman. Durant toute la période préparatoire, une grande partie du monde est demeurée en dehors de cette évolution : de petites enclaves dans l’aire