Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/448

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pérer près de la surface, entre l’eau de Barret et celle d’une source thermale ordinaire plus voisine d’Aix ; que dans le trajet, le liquide ne se charge chimiquement d’aucune substance étrangère ; la théorie des sources thermales aurait fait un pas définitif ; tout le monde consentirait alors à les assimiler aux sources artésiennes, dont la haute température est évidemment due à la grande profondeur d’où elles proviennent.

Sans prétendre deviner les meilleurs moyens d’investigation que l’aspect des lieux suggérera à M. de Freycinet, M. Arago imagine que si l’on obtient la permission de dériver les eaux de Barret, pendant quelques jours seulement, la principale question sera résolue. Dès que la source thermale intermédiaire entre Barret et Aix arriverait seule à Sextius, il y aurait en effet et simultanément, diminution considérable dans la quantité de liquide, et augmentation considérable dans la température des bains. Une analyse chimique comparative des eaux de Barret et de celle de Sextius, si elle était faite avec la scrupuleuse exactitude dont la science possède plusieurs exemples, serait très intéressante. Il ne semble guère qu’on puisse se dispenser de répéter l’expérience citée par le serrurier Dauphin, soit en se servant de chaux, soit en employant du son farineux ou quelque matière tinctoriale, ne fût-ce que pour déterminer la vitesse du liquide dans les canaux souterrains qu’elle parcourt en allant du Barret à Sextius.

La dérivation momentanée des eaux du Barret, est le moyen le plus décisif d’arriver à la solution du très ancien problème de géographie physique que les sources thermales ont fait naître ; mais cette dérivation serait inexécutable, qu’il semblerait encore possible d’arriver au but. Les eaux de Sextius, dit-on, diminuent avec la sécheresse et augmentent beaucoup dans la saison des pluies. Eh bien ! il serait peu probable que l’augmentation et la diminution suivissent exactement et simultanément les mêmes rapports, dans l’eau froide, presque superficielle du Barret, et dans l’eau thermale de la source plus voisine d’Aix. S’il y a mélange de ces deux eaux, il faut donc s’attendre qu’à Sextius on observera de grandes variations de température.

On voit, par ce seul exemple, dit M. Arago, en terminant sa communication, combien se trompaient les administrateurs qui supprimaient l’inspecteur des eaux thermales d’après l’idée que sur cette matière il ne restait plus rien à découvrir aujourd’hui. M. Arago ajoute qu’il a puisé les données sur lesquelles ses projets d’expériences se fondent, dans un mémoire manuscrit présenté à l’Académie, il y a une quinzaine d’années,