Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/102

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Réaumur, et ensuite Geoffroy, ont observée sur le chêne ; mais cependant elle n’est pas inédite, comme le pense l’auteur de la lettre. Elle est figurée d’une manière très reconnaissable dans Hubner (pl. 45, fig. 308), sous le nom de vibicella, et elle est décrite avec beaucoup plus d’exactitude dans Freitschke, continuateur de l’Histoire naturelle des Lépidoptères d’Europe, par Ochseinheimer, sous le nom de vibicipenella (tome IX, 2e partie, page 217, no 22). Ainsi, le nom que M. Vallot lui a donné, celui de cracella, serait un double emploi. Toutefois, il est juste d’ajouter que ces deux auteurs ne font connaître cette teigne que dans l’état parfait, et comme M. Vallot a observé la chenille, les détails que renferme sa lettre ne sont pas sans intérêt pour la science. Cependant, il est à regretter qu’il n’ait pas décrit l’insecte, et qu’il se soit borné à désigner la plante dont il se nourrit, et à envoyer les débris mutilés.

» Au reste, le petit papillon qu’il a obtenu fait partie du genre Ornix, ainsi nommé par les derniers auteurs allemands parce que toutes les espèces qu’on y a rangées, et qui sont au nombre de 26, ont les ailes très étroites et garnies de franges ou de barbes, qui les font ressembler à des plumes, moins cependant que celles des ptérophores. Ces petites teignes, à l’état parfait, sont pour la plupart ornées de couleurs métalliques très brillantes. Le genre Ornix fait partie de la grande tribu des Ténéïdes, laquelle correspond à l’ancien genre Teigne de Linné, qui comprendrait aujourd’hui, seulement en Europe, plus de 300 espèces, que les entomologistes anglais et allemands ont réparties sur une vingtaine de genres, dont celui des Teignes en particulier ne comprend maintenant que les seules espèces qui vivent aux dépens de la laine, du crin ou de la plume, et qui détruisent ainsi nos fourrures, nos meubles et nos vêtemens.

» Il est donc fâcheux que M. Vallot, l’un de nos correspondans les plus zélés par le fait, quoiqu’il n’ait point encore ce titre, et qui est un observateur très laborieux, n’ait pas été à même de consulter des auteurs moins anciens que Réaumur et Geoffroy ; il eût évité un double emploi qui se serait introduit dans les catalogues de la science, déjà encombrés d’espèces dont l’existence est douteuse ; car il est aujourd’hui impossible à un entomologiste qui veut décrire comme nouvelle une espèce de lépidoptère, de ne pas consulter les ouvrages dont nous venons de parler ; et puisque l’occasion s’en présente, l’Académie nous permettra de lui rappeler que la France aussi possédera bientôt une Histoire complète des Papillons d’Europe. Depuis huit ans M. Duponchel s’occupe de la continuation de cet ouvrage, commencé par feu Godard. Il ne lui reste plus,