Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/118

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Dans le mémoire qu’il a présenté à l’Académie, M. Legrand se propose d’établir qu’on s’est beaucoup trop hâté d’adopter les énormes différences dont il vient d’être fait mention, et d’en tirer des conclusions générales. Cette opinion nous paraît étayée de considérations démonstratives.

Le thermomètre de Réaumur, on l’oublie trop souvent, n’était pas gradué à l’origine, comme celui qui porte aujourd’hui le nom de cet illustre naturaliste. Les 80 degrés correspondaient, non à l’intervalle compris entre la glace fondante et l’ébullition de l’eau, mais à celui qui sépare le même terme de glace, du degré d’ébullition de l’alcool employé par l’artiste comme liqueur thermométrique. Or, le thermomètre de Carrère, était à alcool. D’après cela, et pour peu qu’on se reporte à l’époque où ce médecin écrivait, on ne doit guère douter que son instrument ne fût le thermomètre originaire de Réaumur. Au surplus, s’il n’en était pas ainsi, nous serions amenés, et cela tranche toute difficulté, à cette conclusion, complètement inadmissible, qu’à Escaldas, par exemple, en 1754, les malades se baignaient dans l’eau à 50 degrés centigrades ! Les observations de Carrère ne peuvent donc pas être comparées directement à celles qu’on fait de nos jours avec un instrument qui diffère très notablement de l’ancien thermomètre de Réaumur quoiqu’il porte le même nom. M. Legrand a corrigé toutes les anciennes déterminations du médecin roussillonnais ; il les a ramenées aux degrés du thermomètre mercuriel en 80 parties, à l’aide d’une table calculée par Deluc, et qui se trouve dans l’ouvrage intitulé Modifications de l’atmosphère. La correction une fois faite, toutes les grandes différences qu’on avait remarquées entre les températures de 1754 et de 1819 se sont évanouies. Sur aucun point elles ne dépassent 1°,2 : ordinairement elles sont nulles. Ainsi soixante-cinq années n’ont apporté aucune altération notable à la température des sources thermales situées dans le département des Pyrénées-Orientales. Ce résultat est important ; M. Legrand y est arrivé, comme on a vu, à l’aide d’une remarque très simple ; le mémoire qui le contient n’en mérite pas moins d’être conservé dans les archives de la science. Aussi, nous proposons à l’Académie de décider qu’il sera imprimé dans le recueil des Savans étrangers.

L’Académie adopte les conclusions du rapport.

Nous complèterons le rapport qu’on vient de lire en insérant ici le tableau dans lequel M. Legrand a réuni les noms des sources et leurs températures telles que Carrère et Anglada les avaient données. La cinquième