Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/128

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solidement bâties, et remarquables par le travail de leur charpente. Elles se composent d’une seule pièce, qui ne reçoit de jour que par la porte d’entrée ; deux espèces d’alcoves ont été pratiquées l’une vis-à-vis de l’autre, partie dans l’épaisseur des murs latéraux, et partie dans la saillie qu’ils forment au dehors de l’édifice ; ce qui donne au plan horizontal l’apparence d’une croix. Le faîte de l’édifice est soutenu par de fortes poutres, provenant de troncs d’une espèce de laurier (laurus barbusana) qui acquiert, dans ce climat, de très grandes dimensions ; leur équarrissage est bien net, et ces fortes pièces sont jointes ensemble par de petites traverses du même bois, très symétriquement rapportées ; travail qui ne peut avoir été fait qu’à l’aide d’un instrument tranchant et facilement maniable. »

M. Berthelot rapporte que le palais des anciens Guanartèmes, indiqué par le géographe Lopez dans sa carte de Canaria, a été démoli il y a environ cinquante-six ans, pour élever sur ses ruines la grande église de Galdar. On n’a malheureusement conservé aucun plan de cet édifice, qu’il eût été si précieux de pouvoir comparer avec ceux qui restent.

« Il paraît, au surplus, ajoute M. Berthelot, que ces anciennes constructions n’étaient pas d’un usage général, et que les primitifs habitans de la Grande-Canarie vivaient en troglodytes, comme leurs voisins, les Guanches. Dans le district de Moya, on m’a montré la grotte où le prince Doramas avait établi sa résidence, selon les anciennes légendes. La montagne d’Urera, dans la vallée de Tiraxana, est toute percée de grottes abandonnées, disposées en séries les unes au-dessus des autres, et communiquant entre elles par des couloirs. À l’Atalaya, de même qu’à Artenara, les populations sont encore troglodytes et se creusent journellement des habitations souterraines. »

Les diverses collections, rapportées des îles Canaries par MM. Webb et Berthelot, embrassent la plupart des branches de l’histoire naturelle. Leur herbier contient, disent-ils, jusqu’à mille Phanérogames, parmi lesquelles ils comptent jusqu’à cent espèces nouvelles, qu’ils s’occupent de décrire pour leur ouvrage sur l’histoire naturelle des îles Canaries, ouvrage dont ces deux voyageurs annoncent la prochaine publication.

Nous terminons en ajoutant que M. Berthelot a présenté, dans cette séance même, à l’Académie, le crâne d’un ancien Canarien, retiré d’un des tombeaux décrits dans sa lettre.