Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/156

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l’affaiblissement graduel de la lumière crépusculaire : déserte naguère, elle était bientôt animée par des milliers d’êtres nageant diversement à sa superficie.

M. d’Orbigny s’est demandé pourquoi ces animaux se montrent la nuit seulement, à divers degrés d’obscurité et toujours à des heures fixes pour les différentes espèces ; pourquoi ils disparaissent entièrement le jour. Il conclut de la différence des heures auxquelles chaque espèce arrive à la surface, et de la différence d’intensité de la lumière dont elles semblent avoir besoin, qu’elles habitent à différentes profondeurs.

L’auteur combat l’idée mise en avant par M. Rang, que les Ptéropodes vont à la surface des eaux pour se nourrir ou pour respirer. Ce ne peut être pour se nourrir, car devant y trouver même abondance d’alimens au commencement ou à la fin de la nuit, pourquoi se retireraient-ils peu de momens après leur apparition ? Ce ne peut être pour respirer, car ils n’ont que des branchies pour organes respiratoires ; or, s’ils respiraient tout le jour au sein des eaux par des branchies, pourquoi iraient-ils chaque soir respirer à la surface ? Après avoir repoussé ces deux solutions du problème, M. d’Orbigny explique l’évolution journalière des Ptéropodes, par le besoin qu’éprouvent ces animaux d’aller chercher un degré de lumière analogue à celui dont l’absence du soleil les a privés dans leurs demeures habituelles, et par le besoin non moins pressant de regagner les mêmes régions, dès qu’arrivés à la surface des eaux ils se sentent trompés dans leur attente.

M. d’Orbigny ne croit pas que l’absence d’yeux dans les Ptéropodes renverse sa théorie, attendu, dit-il, que beaucoup d’animaux sont sensibles à la lumière quoique privés de l’organe de la vue.

Les Ptéropodes que M. d’Orbigny a observés ne vont jamais sur les côtes : ils restent constamment dans des zones déterminées. À l’appui de son opinion, l’auteur présente un tableau dont il résulte : 1o. que sur les vingt-neuf espèces qu’il a vues, quatorze se trouvent dans tous les grands océans tempérés, onze dans l’océan atlantique seulement, quatre dans le grand océan ; 2o. que de ces mêmes espèces, certaines occupent, dans les mers, une zone de 55° au nord, et de 55° au sud de la ligne, ou de 2200 lieues marines, sur toute la circonférence du globe ; d’autres, des zones moindres, mais cependant encore très étendues ; 3o. enfin que dix-sept espèces sont tout-à-fait nocturnes et onze crépusculaires seulement.

Les Ptéropodes nagent d’une manière élégante en papillonnant au sein des eaux, avec une promptitude extraordinaire. Ils sont plus nombreux en