Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/172

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» Dans le travail que nous sommes chargés de faire connaître à l’Académie, M. Civiale est parvenu à réunir un total de plus de cinq mille faits, fournis tous par la pratique des plus grands chirurgiens actuellement existans en Europe ; voici les conclusions générales auxquelles il est arrivé. Sur les 5,715 opérations de taille qu’il a pu analyser, il trouve 1,141 morts, 4,478 guérisons complètes, et une centaine d’infirmités consécutives. Ainsi, dans les cas seuls dont on connaît bien les résultats, la mortalité est d’environ un cinquième pour tous les âges. Or il est bon de rappeler que plus de la moitié de ces malades n’avaient pas atteint leur quatorzième année ; et l’on sait qu’à cet âge les chances de guérison sont au moins doubles.

» Par contre ces mêmes tableaux portent un total de 257 malades opérés par la lithotritie, et parmi lesquels il n’y a eu que six morts, encore sur ce nombre à peine s’il y avait deux ou trois individus avant l’âge de 14 ans ; ce qui ne donne pas un mort sur 42 malades opérés par la lithotritie.

» Et pour compléter la démonstration de la supériorité de la lithotritie sur la lithotomie, nous ajouterons que depuis la découverte de la lithotritie, parmi un nombre assez considérable de médecins atteints de la pierre, à peine en citerait-on qui aient eu recours à la lithotomie : tous ont été opérés par la lithotritie.

» Mais, en bonne logique, comme en bonne médecine, ce n’est pas sur ce terrain que la discussion doit être portée aujourd’hui. Il ne s’agit pas en effet de repousser entièrement la lithotomie pour lui substituer toujours la lithotritie : personne ne conteste à présent que dans un assez grand nombre de cas la lithotritie ne soit difficile, dangereuse, impossible, et que par conséquent alors la lithotomie ne soit préférable, ou même indispensable. La question clairement posée se résumerait donc ainsi : quelles sont les conditions pathologiques dans lesquelles la lithotritie offre le plus de chances de succès ; quelles sont au contraire les circonstances où force sera de recourir à la cystotomie ? en d’autres termes, formuler les indications relatives et de la lithotritie et de la taille. Voyons à présent ce que les tableaux de M. Civiale auront fourni pour conduire à la solution de ce problème.

» Nous saisissons avec empressement cette occasion de parler ici de l’application du calcul des probabilités à la médecine. Ce sont surtout des questions de pareille nature que les médecins doivent porter dans cette enceinte. Ils sont assurés d’y trouver des juges attentifs, des juges compétens.