Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/240

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on voit aisément des granules en mouvement dans différentes directions, sans rapport avec ceux de ce vaisseau, et encore moins avec ceux de l’organe valvulaire des jambes.

» Reste enfin la dernière question par laquelle nous terminerons notre rapport. A-t-on déjà observé dans l’organisme animal quelque chose qui puisse avoir une analogie quelconque avec la particularité organique observée par M. le docteur Behn ?

» Sans doute, au premier abord et sans réflexion suffisante, on pourrait croire qu’il y a une certaine analogie entre l’organe battant observé par M. Behn, et les cœurs ou renflemens lymphatiques découverts dans ces derniers temps chez les grenouilles ; mais quelques détails à ce sujet auront bientôt convaincu l’Académie qu’il n’y en a réellement aucune.

» Les renflemens pulsans que deux des plus célèbres anatomistes étrangers de notre époque, M. Panizza et S. Mueller semblent avoir pour ainsi dire découverts à la fois, sont d’après les propres observations de l’un de nous, des dilatations sub-régulières symétriquement placées à la racine des membres, en-dessous ou du côté ventral pour les antérieurs ; en-dessus ou du côté dorsal pour les postérieurs, où elles sont en outre beaucoup plus développées, et cela au point de jonction des veines lymphatiques de ces parties avec les veines sanguines du système circulatoire centripète ou rentrant. Aussi peut-on les injecter aussi bien dans un sens que dans l’autre, comme cela m’est arrivé plusieurs fois. J’ai pu même assez souvent y faire pour ainsi dire reculer le sang noir contenu dans la veine, ou l’y observer parvenu naturellement, lorsque la lymphe n’arrivant plus par les vaisseaux afférens, soit qu’elle fût épuisée, soit que son cours fût artificiellement interrompu, la poche pulsante continuant son action, celle-là, par sa dilatation, soutirait le sang noir par son orifice dans la veine, de manière, quelquefois, à injecter la terminaison de quelque gros lymphatique afférent. Ces renflemens ont du reste absolument le même aspect que le vaisseau dorsal des insectes ; leurs mouvemens, qui ne sont ni complétement isochrones entre eux et encore moins avec ceux du cœur, sont évidemment pulsans par systole et diastole ; et l’on voit très bien que par l’une ils soutirent le sang blanc qu’ils chassent par l’autre dans le sang noir, comme si dans l’homme, à l’embouchure du grand canal thoracique dans la veine sous-clavière, il y avait une citerne ou un renflement contractile. Mais évidemment, il n’y a rien de comparable entre ces organes pulsans et ceux découverts par M. Behn dans la patte des hydrocorises, ceux-ci n’étant pas creux et n’ayant aucun vaisseau afférent ni efférent.