Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/270

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rains de grès et d’argiles transformés en jaspes et en porphyres trachytiques, et d’autres roches, telles que j’ai eu plus d’une fois occasion d’en observer ; car les agens chimiques, en pénétrant à travers un certain nombre de couches, ou en les traversant en totalité, ont pu enlever une partie des élémens de la roche primitive et en substituer d’autres, ou bien servir à former de nouvelles combinaisons et réunir enfin toute la masse du terrain. C’est à ces considérations que je voulais principalement en venir, puisqu’elles concernent le phénomène de la dolomisation.

» Je ne conteste pas et j’admets même qu’il y a des dolomies que j’appellerai primitives, quel que soit leur âge géologique, c’est-à-dire qui se sont formées par suite du dépôt simultané des carbonates de chaux et de magnésie, car la magnésie était au moins aussi abondante dans la nature que la chaux, surtout à l’époque où les terrains anciens se déposaient ; mais ces dolomies primitives ont pour caractères distinctifs, d’être toujours en couches régulièrement stratifiées, comme les autres roches auxquelles elles peuvent se trouver subordonnées ; tandis que les dolomies dont il est question et que j’appellerai par opposition dolomies de transmutation, celles enfin signalées par M. de Buch dans les Alpes et bien d’autres que je pourrais citer, sont sans stratification et se présentent en masses irrégulières, avec des caractères auxquels les personnes habituées à observer les roches modifiées se trompent rarement. Il n’est pas permis à ceux qui ont visité les dolomies des Alpes, de douter de la réalité du phénomène de la dolomisation, quelque difficile qu’il paraisse à expliquer tout d’abord, attendu que la chimie nous enseigne que le carbonate de magnésie n’est pas volatil, ou qu’il se décompose à la chaleur rouge, ainsi que l’a objecté M. Thénard ; c’est en effet d’après ces considérations que, l’un des premiers, j’ai publié mes doutes à ce sujet, à une époque où l’on ne paraissait pas encore s’être occupé de s’assurer par l’analyse chimique que les parties du terrain qui n’avaient pas été modifiées, n’étaient pas également magnésiennes, c’est-à-dire ne formaient pas des couches de dolomie primitive, circonstance qui aurait ramené alors le phénomène de la transmutation des calcaires en dolomies, à un simple phénomène de modification et de cristallisation, analogue à celui qui a déterminé, par exemple, le changement des calcaires compactes jurassiques de Carrare et celui des calcaires compactes crayeux de quelques points des Pyrénées, en calcaires grenus ou marbres statuaires. L’un de mes amis, M. Des-Génevez, qui possédait des connaissances fort étendues en chimie et dont les premiers travaux scientifiques font si vivement regretter la perte prématurée, a malheureu-