Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/315

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déterminait le sens du courant définitif, était celui qui partait du métal le plus attaqué. Mais, qu’entendre par un corps plus attaqué qu’un autre ? Je conçois que lorsqu’il s’agit de deux plaques du même métal plongées dans le même liquide, celle qui présente une surface plus étendue à l’action du liquide, pourra être considérée comme plus attaquée ; mais si les plaques sont différentes, ou si, étant de même nature, le liquide qui attaque chacune d’elles n’est pas le même, comment comparer le plus ou moins d’énergie des actions chimiques ? Je dirai plus, c’est que si l’on attache aux mots plus ou moins attaqués l’idée que c’est de la vivacité ou de la promptitude seulement de l’action chimique qu’il s’agit, la loi énoncée plus haut n’est alors pas exacte ; ainsi, le zinc dans l’eau pure est positif par rapport au cuivre plongé dans l’acide nitrique, et cependant, dans ce cas, le cuivre est bien plus attaqué que le zinc. Depuis long-temps je sentais la nécessité de recourir à un principe moins vague et plus vrai que celui que j’ai rappelé ci-dessus ; voici celui qu’il me semble convenable de lui substituer ; du moins je le soumets à votre attention.

» Toutes les fois qu’il y a combinaison chimique entre deux atomes, il y a développement d’un courant électrique, dont l’intensité dépend de la nature relative des deux atomes. Toutes les fois qu’il y a décomposition chimique, et par conséquent séparation de deux atomes, il y a aussi production d’un courant électrique de même intensité que celui qui résulte de la combinaison des deux mêmes atomes ; mais ce courant est dirigé en sens contraire. L’intensité des courans développés dans les combinaisons et dans les décompositions, est exactement proportionnelle au degré d’affinité qui règne entre les atomes dont la combinaison ou la séparation a donné naissance à ces courans. En parlant de courant, je n’exclus nullement l’électricité de tension, qui se manifeste lorsque l’expérience est disposée de façon à ne pas permettre au courant de s’établir ; cette électricité de tension suit, quant à sa nature, les mêmes lois que le courant suit quant à sa direction.

» Les expériences qui m’ont servi à établir le principe qui précède, ont été faites simplement au moyen d’un galvanomètre multiplicateur très sensible. À l’une des extrémités de ce galvanomètre, était fixée une lame de platine ; à l’autre, une pince du même métal, à laquelle étaient successivement fixées les diverses substances solides que l’on voulait éprouver ; la lame de platine et la substance fixée à la pince, étaient plongées dans un liquide de manière à former un couple, et le sens du courant dépen-