Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faction, à rencontrer des corises, insectes qui précisément sont du nombre de ceux qui ont servi aux expérimentations du savant allemand. Avant d’aborder l’article spécial relatif à ce que celui-ci appelle circulation du fluide nutritif dans les pattes, souffrez que je suive dans l’exposition de mes considérations la marche tracée par cet auteur. Dans un aperçu d’une érudition toute compatriotique, M. le docteur Behn cherche, en s’appuyant sur l’autorité de noms d’ailleurs fort recommandables, à ramener à l’idée si controversée d’une circulation humorale, d’une véritable circulation dans les insectes. Question grave, question vitale dans la science zoologique !

» Signalons en peu de mots un des principaux buts physiologiques de la circulation dans les animaux qui en sont incontestablement pourvus. Le sang ou humeur analogue, mis en mouvement par l’impulsion des organes circulatoires vient se présenter successivement et par un double circuit à l’influence de l’air contenu dans les poumons ou les branchies, afin de subir par cette influence une opération de chimie organique qui lui donne les qualités propres à servir, soit à l’acte important de la nutrition, soit à la stimulation des organes. La circulation et la respiration se trouvent donc dans une dépendance, une solidarité réciproques, et le maintien de la vie en est la conséquence.

» Que se passe-t-il dans les insectes envisagés sous le même point de vue ? Remarquez bien que je n’entends parler ici que des insectes proprement dits, des insectes hexapodes parvenus à leur état parfait. La respiration chez eux ne s’exerce point dans un organe circonscrit et limité dans un point du corps. Il n’y a, et ce fait ne saurait être contesté, ni poumons ni branchies. Ce n’est point par la bouche qu’ils respirent, ainsi que les grands animaux qui, comme eux, ingèrent l’air en nature. Des ostioles uniquement respiratoires, ou, suivant l’expression consacrée, des stigmates placés symétriquement le long des côtés du corps, inhalent l’air atmosphérique et le transmettent dans des canaux, à parois plus ou moins élastiques, successivement divisés et subdivisés à l’infini comme les vaisseaux sanguins des animaux d’un ordre supérieur. Ces canaux sont les trachées. Par cette disposition anatomique, l’air est conduit, poussé jusque dans les derniers recoins des tissus organiques pour être ensuite exhalé lorsqu’il a perdu ses qualités vitales. Il y a donc dans les insectes une véritable circulation d’air, j’oserais presque dire une double circulation, et comme l’opération de chimie organique dont je viens de parler, ne saurait avoir lieu dans un creuset pulmonaire, passez-moi l’expression, puisqu’ils en sont dépourvus,