Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/377

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officiers de la Bonite, en les invitant à faire des recherches toutes les fois que l’occasion s’en présentera, sur la température des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des poissons, en prenant les précautions convenables pour que les expériences soient exactement comparables, c’est-à-dire qu’elles soient faites sur les mêmes tissus, les mêmes organes ou les mêmes parties, la température extérieure préalablement estimée.

» Nous demanderons aussi que l’on cherche à faire des expériences sur la nature des gaz contenus dans la vessie natatoire des poissons, pris à des profondeurs et à des latitudes déterminées et variées, ainsi que sur la phosphorescence que présente un grand nombre d’animaux marins de différentes classes, phénomène encore si mal connu, surtout dans son étiologie.

» Nous n’avons pas besoin d’ajouter que les recherches d’histoire naturelle devront comprendre l’espèce humaine, et qu’il serait, par exemple, fort intéressant de ne plus se borner à rapporter, pour nos collections, les crânes d’âge et de sexes différens des principales races ou variétés d’homme qu’on pourra rencontrer, mais de tâcher d’y joindre les squelettes complets, et seulement plus ou moins dégrossis.

» Il ne serait pas moins utile d’étendre, si cela était possible, les expériences demandées plus haut sur la température des animaux à l’espèce humaine, en recherchant si la chaleur des mêmes individus de l’équipage, transportés dans des climats si variés que ceux par lesquels passera la Bonite, n’offrirait pas des différences appréciables ; mais pour que ces expériences fussent un peu concluantes, il faudrait qu’elles fussent faites aux mêmes heures de la journée, à la même distance des repas, sur un certain nombre d’individus, d’âge et de tempérament déterminés, toujours les mêmes, soumis au même régime de nourriture, de vêtemens et même d’exercice corporel.

» D’après les desiderata zoologiques exprimés dans cette instruction, il est évident que le moyen le plus propre pour y satisfaire serait que l’expédition pût, autant que sa nature et les circonstances le permettront, relâcher et séjourner au Brésil, à Buenos Aires, à l’île de Chiloë, au Chili, au Mexique, et même en Californie, aux îles Sandwich, à la Cochinchine, aux îles Mariannes, aux Philippines, et en général dans tous les lieux de sa route qui ont été peu ou point explorés pour l’histoire naturelle ; mais c’est à ce simple vœu que l’Académie doit borner sa mission. M. le Ministre et le commandant de l’expédition jugeront dans quelles limites il sera possible de le remplir. »