Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Physiologie animale.Lettre de M. Audouin concernant des calculs trouvés dans les canaux biliaires d’un Cerf-Volant femelle (Lucanus capreolus.)

« Permettez-moi d’attirer quelques momens l’attention de l’Académie sur un fait qui me semble important pour la physiologie des animaux articulés. On sait que les insectes dont on a fait jusqu’ici l’anatomie ont tous présenté sur le trajet du tube digestif des vaisseaux grêles plusieurs fois contournés sur eux-mêmes. Les auteurs anciens les avaient appelés petits-cœcums, intestins grêles, vasa varicosa ; mais les anatomistes modernes ayant supposé que ces organes sécrétaient de la bile, ont changé ces dénominations en celles de vaisseaux hépatiques, de canaux ou de vaisseaux biliaires.

» En effet, dans plusieurs insectes les vaisseaux biliaires se voient en arrière de l’estomac, sur lequel ils sont fixés soit par un bout, l’autre bout restant libre, soit par les deux extrémités, c’est-à-dire en formant une espèce d’anse ou d’arc singulièrement replié. Si cette insertion poststomacale était constante, on ne pourrait guère élever de doutes sur les fonctions qu’on leur attribue, bien que l’expérience n’ait pas encore prouvé que le liquide qu’ils contiennent soit de la bile et que cette bile serve à la digestion ; mais il arrive que dans beaucoup d’insectes les vaisseaux biliaires ont une terminaison très différente : tandis que par un bout ils s’ouvrent entre les valvules pyloriques de l’estomac, ils aboutissent par l’autre au cœcum, non loin de l’extrémité anale. Il est difficile d’admettre que le liquide qui est sécrété par cette portion inférieure des vaisseaux et qui se mélange dans l’intestin avec les matières excrémentitielles soit analogue, quant aux usages qu’on lui attribue, avec celui qui est versé dans l’estomac.

» La difficulté d’expliquer la fonction de ces canaux, en tant qu’on les considère comme des organes biliaires fournissant un liquide propre à activer la digestion, augmente encore, si l’on poursuit l’examen de leur insertion dans la série des insectes ; en effet, dans un ordre tout entier, celui des hémiptères et particulièrement dans les espèces auxquelles on donne le nom de punaises, les vaisseaux dits hépatiques sont fixés par leurs deux bouts sur la partie la plus reculée du tube digestif, sur le sac stercoral, à un ou deux millimètres de l’ouverture anale, et ils présentent même là une sorte de vessie ou réservoir dans lequel s’accumule la matière qu’ils sécrètent. Est-il possible, dans ce cas, qu’ils servent en quelque chose à l’acte digestif lorsque bien évidemment cet acte est consommé ?