Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/47

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des espèces de très grandes dimensions. C’est aux zoologistes à prononcer si l’animal est un Phalanger ou s’il est voisin des Loris : mon opinion ne peut avoir aucune importance. M. Sickler a trouvé des empreintes du pied postérieur de 12 à 13 pouces de long. Dans un autre fragment de roche que possède le cabinet de Berlin, les doigts paraissent plus grêles. J’ai fait dessiner cette empreinte séparément. Il sera peut-être intéressant de conserver les deux dessins au Muséum du Jardin des Plantes.

» Dans le grand dessin des empreintes de pieds de Hildburghausen, on trouve indiquées çà et là des concrétions sinueuses, serpuliformes. Toute la roche de grès bigarré en est couverte comme d’un réseau ; on a cru que ce sont des vestiges de plantes sur lesquelles l’animal a marché. La répétition des formes laisse des doutes ; peut-être ces bandes aplaties et sinueuses ne sont-elles que des concrétions accidentelles, effet du dessèchement, de la contraction des parties molles de la roche. Quant aux empreintes mêmes qu’a laissées l’animal dans sa marche, l’aspect seul du dessin, le pouce détaché, dirigé trois fois alternativement vers la droite et vers la gauche, la juxta-position des grandes et petites extrémités, et l’alignement, je veux dire la direction des empreintes, paraissent éloigner toute incertitude. Jusqu’ici ce phénomène d’empreintes des pieds d’un animal dans la roche encore molle, ne s’était présenté qu’une seule fois aux géologues. Je ne parle pas des empreintes des pieds d’Adam, ou de Bouddha, à l’île de Ceylan, et de quelques apôtres voyageurs qu’on a voulu me faire voir dans les Cordillières du Nouveau-Monde. Je rappelle ce qui n’appartient pas aux mythes de la Géologie, mais à des faits bien observés, les empreintes de pieds de tortues, dont la connaissance est due à la sagacité de M. Buckland. (Edimb. Tr., vol. II, p. 194.) Ce qui donne une grande importance au phénomène que j’ose soumettre au jugement des géologues, est la place qu’occupe la formation du grès bigarré dans la série chronométrique des roches secondaires.

» On se souvient encore de l’étonnement que causait au plus grand et au plus illustre des scrutateurs modernes de la nature, l’existence d’un Didelphes dans les schistes de Stonesfield de la formation jurassique ou oolithique. Les formations du keuper, du muschelkalk et du grès bigarré sont placées sous les oolithes, et le mammifère de Hessberg, qui est l’objet de cette Note, appartient au grès bigarré. Je sais que quelques géologues ont été tentés d’attribuer ces empreintes à des Sauriens de l’ancien monde, mais la forme charnue de la plante des pieds, la nature de la marche des crocodiles, que j’ai observée si souvent sur les plages de l’Orénoque, s’y