Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/526

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ments en faveur de ses opinions. Les phénomènes que présentent l’écorcement, les boutures, les greffes, la taille et autres procédés de culture, lui en ont fourni également. Il n’y a pour ainsi dire pas un fait important de la végétation qu’il n’ait essayé de faire rentrer sous la règle de sa doctrine ; et ses efforts, lors même qu’en certains cas quelques personnes ont pu croire que ses conclusions étaient trop précipitées, n’ont jamais été stériles.

Des explications touchant chaque fait nous mèneraient loin. Ne nous arrêtons que sur trois points, qui, entre tant d’autres remarquables, méritent plus particulièrement de fixer l’attention de l’Académie.

À la base d’un bourgeon de tige de dracæna dépouillée de son enveloppe herbacée par la macération, il se montre, si l’on peut ainsi dire, une espèce de patte, continuation des filets ligneux supérieurs, laquelle s’applique sur le corps ligneux de la tige et s’allonge en doigts effilés, nombreux et divergents. Ces doigts sont évidemment de petits faisceaux vasculaires. Seraient-ils descendus jusqu’aux racines si la végétation n’avait pas été arrêtée ? Cela est fort probable.

Le bourgeon d’une bouture de cissus hydrophora dépouillée de son écorce, nous offre à sa base un réseau ligneux qui revêt partiellement la portion inférieure du vieux bois, et s’échappe de toutes parts en racine.

Ces deux exemples pris, l’un, dans les monocotylédonés, l’autre dans les dicotylédonés, semblent, de prime abord, des preuves irrécusables de la solidité de la doctrine de M. Gaudichaud ; et pourtant plusieurs phytologistes, tout en acceptant les faits, répudient la théorie. C’est que la question n’est pas aussi simple qu’elle paraît. Il est certain qu’elle ne cessera d’être un sujet de controverse que lorsque l’on sera d’accord sur les résultats physiologiques de la greffe.

Le troisième point intéresse la réputation scientifique d’un homme excellent qui a siégé ici durant plus de quarante années et dont la mémoire nous sera toujours chère. Tout le monde connaît le travail de M. Desfontaines sur les tiges des palmiers. Un phytologiste allemand, M. Hugo Mohl, traitant le même sujet avec des matériaux plus nombreux, plus variés, et toutes les ressources de la science telle que cinquante ans de progrès l’ont faite, avança, il y a peu de temps, que les nombreux filets ligneux des tiges ne se formaient pas au centre mais à la circonférence, et que c’était en croisant obliquement les filets plus anciens, qu’ils arrivaient jusqu’au cœur de l’arbre. De ce fait il concluait que M. Desfontaines s’était trompé. Toutefois, il n’en est pas ainsi, quoique les observations de M. Mohl soient