Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/67

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tivent se montrent peu disposées à en faire usage, et à lui accorder l’idée d’utilité que son inventeur lui attribue.

» Celui-ci ne doit donc pas être taxé de présomption, si, pour montrer cette utilité, il s’attaque à quelque question que les méthodes usitées n’ont pas encore résolue, et s’il propose à ceux qui les emploient de traiter cette question comparativement avec lui.

» En considérant la variété presque infinie et toujours croissante des combinaisons que la Chimie parvient à opérer, surtout parmi les produits les plus complexes où un grand nombre de principes divers sont en présence ; en voyant la facilité souvent excessive avec laquelle ces principes s’unissent ou se séparent, sous des modifications de circonstances en apparence très légères, on est conduit à soupçonner que des conditions d’état physique qui nous semblent pareilles peuvent, par fois, être moléculairement fort dissemblables, de manière à entraîner des différences d’action chimique, où nous ne supposions que des identités.

» Par exemple, lorsqu’un produit, surtout un produit complexe, de ceux que l’on appelle organiques, est dissous dans l’eau, il peut arriver que les groupes atomiques qui le composent, soient simplement disséminés parmi les groupes qui constituent l’eau, sans que les propriétés moléculaires individuelles des uns ni des autres soient changées : alors il y a seulement mélange.

» Mais il peut aussi arriver que, dans d’autres cas, les groupes atomiques qui constituent les deux corps, s’unissent dans certaines proportions, de manière à former autant de groupes atomiques nouveaux doués de propriétés spéciales. Alors il y aura ce que l’on appelle en Chimie combinaison ; et l’on peut la concevoir telle, qu’elle existe seulement dans l’état liquide du système ; en sorte qu’on ne pourra la découvrir en chassant l’eau par l’évaporation ou la chaleur, parce que la combinaison se désunirait.

» Je crois être sur la voie d’une méthode qui distinguerait dans beaucoup de cas ces deux états de combinaison ou de mélange que la Chimie a tant d’intérêt à discerner ; mais du moins je suis certain qu’il existe un cas où cette distinction est nette et facile. C’est celui de l’acide tartrique dissous dans l’eau. Voici donc la question que je propose à ce sujet aux chimistes.

» Lorsque des cristaux d’acide tartrique pur sont dissous dans des proportions d’eau diverses, entre les températures centésimales de 22 à 26°, qui sont celles qui ont naturellement lieu en ce moment, y a-t-il combinaison ou mélange ? c’est-à-dire, le système actuel des deux corps, dans cet