Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/78

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se hâter de conclure de ce qui arrive dans une circonstance pour ce qui doit arriver dans une autre, nous voyons un simple abaissement de quelques degrés de température, suffire pour déterminer des combinaisons d’un autre ordre ; et puisqu’à −20° le deutoxide d’azote est absorbé sans reste par le sulfite neutre, il en faut bien conclure que l’excès d’alcali supposé indispensable par Davy, ne le devient que dans les circonstances où cet illustre chimiste a opéré. Si maintenant on remarque avec M. Pelouze que cette combinaison de liquide, de sulfite neutre et de deutoxide d’azote est tellement éphémère qu’elle se détruit spontanément à mesure que son refroidissement artificiel cesse, on est naturellement conduit à admettre comme lui que la présence de l’alcali libre, ne sert qu’à donner de la stabilité à cette combinaison, et c’est en effet ce que ses expériences lui ont démontré.

» Une fois le fait principal bien constaté, M. Pelouze a cherché à en établir la théorie, et voici comment il y est parvenu.

» Lorsqu’on fait passer une solution de potasse caustique dans une éprouvette contenant 2 vol. de deutoxide d’azote et 1 vol. d’acide sulfureux, tout est absorbé ; si l’on outre-passe cette proportion de gaz nitreux, l’excédant reste ; lorsqu’on en met moins, une quantité relative de sulfite demeure libre. Ainsi, point de doute, cette combinaison s’effectue dans des proportions bien nettement déterminées. M. Pelouze en conclut que ces deux gaz, réunis dans le rapport indiqué, constituent un acide nouveau, qu’il nomme nitro-sulfurique ; mais il reconnaît que cet acide comme quelques autres, ne peut exister qu’à l’état de combinaison. Du moins, M. Pelouze a fait jusqu’à présent d’inutiles tentatives pour l’isoler.

» On aurait pu supposer, comme le fait remarquer l’auteur, que cet acide est formé d’acide sulfurique et de protoxide d’azote, dans lequel celui-ci remplacerait le protoxide d’hydrogène de l’acide ordinaire ; mais s’il en était ainsi, les sels barytiques formeraient dans les combinaisons de cet acide un précipité insoluble dans l’acide nitrique, et c’est ce qui n’a pas lieu. On ne peut pas supposer davantage que le deutoxide d’azote et l’acide sulfureux demeurent en quelque sorte indépendans l’un de l’autre, puisque d’une part le sulfate rouge de manganèse n’est point décoloré comme dans le cas des sulfites, et que de l’autre la dissolution sulfurique d’indigo reste dans cette combinaison sans y éprouver d’altération, ce qui n’arriverait certainement pas si la solution contenait des nitrates ou des nitrites.