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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/103

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chapp, raconte qu’il existe dans l’intérieur des terres, côte d’Angola, deux singes à la face et aux formes humaines, l’un plus grand, appelé par les naturels pongo, et l’autre plus petit, du nom de jocko. C’était, sans doute, les deux âges de la même espèce, portant un nom spécial.

» Tyson avait décrit ce singe sous le nom de simia sylvestris ; Traill et Vose en ont aussi donné une anatomie. Buffon en observa vivant un individu en 1740, qu’à cause de sa taille il nomma jocko. Long-temps après, il connut un plus petit sujet analogue, venu des îles de la Sonde, qu’il appela de nouveau jocko, proposant de changer la nomenclature dont il s’était d’abord servi, en nommant pongo le plus grand sujet de ses descriptions.

» Cette confusion de noms fut le motif qui nous porta, M. Cuvier et moi, à proposer, pour l’espèce africaine, l’une de ses appellations du pays, chimpanzé ; ce qui fut admis.

» L’espèce africaine fut récemment comparée ostéologiquement avec un individu des Indes. Deux planches très belles comme œuvre graphique placent ces questions sous un nouveau jour. Il est aujourd’hui un chimpanzé vivant à la Société zoologique de Londres.

» Quant à la détermination générique de ces singes exclusivement propres à l’Afrique, je l’ai donnée en 1812 en reprenant l’ancien nom troglodite, dans un travail général des singes, 19o volume des Annales du Muséum d’Histoire naturelle ; ce que j’en ai dit en 1812 se trouve encore vrai maintenant en 1836 : il n’est toujours dans ce groupe que l’espèce troglodite chimpanzé. Mais des crânes de même âge et de même dimension sont assez différents pour faire croire à plusieurs espèces dans le genre troglodite.

» À l’égard des espèces asiatiques, laissons en demeure le travail de mon honorable collègue, communiqué dans notre dernière séance ; je m’en tiens à cette réflexion ; j’incline à penser avec lui que les trois grandes îles de la Sonde, Bornéo, Sumatra et Java ont chacune leur orang distinct. Déjà le squelette du singe de Wurmb (de Bornéo) est figuré par Audebert ; celui du singe d’Abel (de Sumatra) l’est, je pense, par Owen ; et s’il était vrai, comme je le conjecture, que le crâne envoyé de Calcutta par Wallisch à M. Cuvier en 1818 ne fût que la tête osseuse d’un sujet de Java ou de ses îlots adjacents, qu’on aurait transporté sur le continent et qui y aurait péri, nous aurions les éléments des trois espèces. MM. Temminck et de Blainville donneront, dans les recherches dont ils s’occupent activement, pleine et parfaite satisfaction sur ces points.

» Maintenant j’examine le point principal d’un fait qui me touche