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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/276

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» C’est un fait établi par l’histoire d’un long procès, que les fontaines de la ville sont alimentées par les eaux du bassin de Barret, situé en pleine campagne à un quart de lieue d’Aix. Or, d’après une moyenne entre cinquante observations, j’ai trouvé que les eaux de Barret ont 20°,06 centig. de température, tandis que celles des bains Sextius s’élèvent à 34°,16. La surface des premières se trouve à plus de 5 mètres de profondeur au-dessous du sol.

» Pour étudier d’où pouvait provenir cette singulière différence, j’eusse désiré pouvoir faire dévier en totalité les eaux de Barret dans le lit du ruisseau de la Touësse, qui en est voisin ; cette opération n’offrait rien de difficile ni de bien coûteux, mais je n’ai pu l’obtenir des autorités administratives qui, d’ailleurs, m’ont accueilli avec une extrême bienveillance et ont favorisé mes opérations avec autant de grâce que de bonté ; il m’a fallu penser à d’autres moyens dérivatifs.

» L’emploi du syphon êtait le plus naturel et celui dont la manœuvre devait être à la fois la plus simple et la moins coûteuse. J’avais toute la différence de niveau nécessaire pour produire un grand effet, en sorte que je me suis décidé à en construire un. Mais pour ne pas tomber dans des dépenses trop considérables, je me suis contenté de le faire en fer-blanc ; sa longueur était d’environ 100 mètres, et son diamètre de 8 centimètres.

» Trois expériences successives m’ont offert chaque fois un phénomène dont je n’ai pu me rendre compte. Dès le début, la colonne d’eau qui avait servi à amorcer l’instrument, s’est divisée par une suite de nœuds, dans lesquels le vide s’étant produit, la pression extérieure de l’air a fait aplatir le tuyau en autant de points, ce qui en a tout-à-fait arrêté le jeu.

» Une vis d’Archimède, demandée au préfet de Marseille, et qui m’avait été prêtée, m’offrait un nouveau moyen que je résolus de tenter. Mais pour donner à cette machine l’inclinaison nécessaire à son maximum d’effet utile, il m’a fallu faire dans le sol une tranchée assez profonde pour l’écoulement des eaux de Barret.

» Au commencement, le débit de cette vis a été d’environ 500 000 litres d’eau en vingt-quatre heures. Mais cette abondance ne s’est pas continuée ; il s’est établi un équilibre entre le produit de la machine et ce qui s’écoulait par les conduits souterrains, en sorte que nous n’avons plus obtenu qu’à peu près 350 000 litres en vingt-quatre heures. Cette manœuvre qui, prolongée pendant soixante-sept heures, a exigé l’emploi de 21 hommes, divisés en trois escouades, travaillant le jour et la nuit, et se relevant à de certains intervalles, se terminera ce soir.