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que la lithotritie permet même d’arriver à quelques résultats curatifs. L’un de ces faits est celui d’un homme dans la vessie duquel une pierre enkistée émettait un prolongement qui fut détruit jusqu’au niveau des parois du viscère, avec diminution notable des souffrances du malade. Un autre se rapporte à une pierre qu’il fallut aller chercher au fond d’une cellule au moyen d’un instrument construit exprès. Le malade est guéri.

Statistique appliquée à la médecine.Recherches historiques et statistiques
sur les causes de la peste ; par
M. de Ségur Dupeyron.
(Commissaires, MM. Magendie, Dumas, Double.)

« M. de Ségur Dupeyron avait déjà cherché à prouver que c’est principalement d’Égypte que la peste vient en Europe. Cette proposition n’étant pas généralement admise, il a cru devoir donner plus de développement à cette partie de ses recherches.

» En parcourant la correspondance des consuls aux Archives des Affaires étrangères, M. de Ségur a trouvé l’indication de deux circonstances qui, dans certains cas, peuvent donner lieu à la peste en Égypte. Ces circonstances sont : 1o la disette ; 2o les fièvres malignes. Or la disette est produite le plus ordinairement dans le pays dont il s’agit par une trop forte ou une trop faible crue du Nil. Après une trop faible crue, peu de terres ayant été arrosées, peu de terres peuvent être ensemencées ; après une crue trop forte, les eaux mettent beaucoup de temps à se retirer, et l’époque des semailles se passe avant que tout le grain ait pu être confié à la terre. M. de Ségur a dès-lors demandé aux écrivains arabes la hauteur qu’avait atteint le Nil dans le plus grand nombre possible de ses crues, et il a cherché si, à des années correspondantes aux trop faibles ou aux trop fortes inondations, on ne trouvait pas la peste quelque part. Ses investigations ne portent d’abord que sur l’espace compris entre le milieu du dixième siècle et le milieu du quinzième, attendu que les ouvrages qu’il a pu consulter ne relatent les crues que pendant ce laps de temps.

» Sur cinquante à cinquante-cinq pestes qui ont eu lieu dans ces cinq siècles en Europe, quarante coïncident avec de trop grands ou de trop petits Nil. Le grand ouvrage sur l’Égypte renfermant une table des hauteurs du fleuve depuis 1737 jusqu’en 1800, l’auteur a pu vérifier si dans ce nombre d’années la peste avait régné en Égypte après de mauvaises crues, et il a trouvé que, sur quatorze pestes qui ont régné dans cette série d’années, treize coïncident avec de mauvaises crues qui ont produit la disette.