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Optique.Sur une nouvelle relation physique entre les éléments des corps naturels et les affections propres des différents rayons simples ; d’où résulte une nouvelle condition à satisfaire dans la constitution théorique du principe lumineux ; par M. Biot.

« En étudiant les déviations que les plans de polarisation des rayons lumineux subissent lorsqu’ils traversent le cristal de roche dans le sens de son axe de double réfraction, j’avais trouvé autrefois que, pour les rayons de réfrangibilités diverses, ces déviations, à épaisseurs égales sont sensiblement réciproques aux carrés des longueurs de leurs accès ou de leurs ondulations dans le système des ondes [1]. Lorsque, plus tard, je vins à découvrir que des déviations analogues étaient opérées par d’autres corps solides et non cristallisés, ou fluides, ou même gazeux, la même relation parut encore s’y appliquer aussi exactement qu’on en pouvait juger par les expériences immédiates. Car les teintes des images observées dans divers azimuths semblaient identiques à celle que le cristal de roche produisait ; tellement que les influences de ce genre paraissaient se compenser exactement par leur opposition lorsqu’on les faisait agir successivement sur tous les éléments d’un rayon blanc polarisé en un seul sens ; à quoi l’on parvenait, soit en plaçant les plaques à déviations contraires les unes derrière les autres avec des épaisseurs inverses de ces déviations, soit en mêlant des fluides à rotations contraires dans des proportions pondérables

  1. « Fresnel avait établi cette relation dans un mémoire spécial qui est malheureusement perdu. On n’en connaît que les seuls nombres qu’il avait obtenus pour l’essence de térébenthine, et que j’ai rapportés, d’après lui, à la fin de mon mémoire sur ces nouveaux phénomènes, imprimé dans le tome II de la collection de l’Académie. Je suis certain toutefois que ce travail a existé dans un état complet de rédaction ; car les nombres de Fresnel que j’ai publiés sont tirés de deux feuilles écrites de sa main et que je possède encore ; la première desquelles porte pour titre : « Note extraite du mémoire sur les couleurs que la polarisation développe dans les fluides homogènes » ; après quoi on lit : « Rotation des sept principales espèces de rayons dans l’essence de térébenthine déduite de la compensation opérée avec une lame de sulfate de chaux » ; puis viennent les nombres que j’ai publiés. La seconde feuille était destinée à me donner une idée exacte de la conception par laquelle Fresnel représentait l’existence de ces phénomènes dans les groupes moléculaires libres à l’état de fluidité ; et je l’ai en effet exposée d’après ce document dans mon mémoire. Mais comme on doit naturellement mettre de l’intérêt à la voir présentée dans ses propres termes, j’insère cette seconde feuille de Fresnel à la suite de la présente dissertation ; et on l’appréciera sans doute d’autant plus qu’elle paraît tirée du mémoire même qui est perdu aujourd’hui. »