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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/558

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chimie. — Notice sur l’acide gallique ; par M. Robiquet.

« En faisant quelques recherches sur la formation et sur les propriétés de l’acide gallique, j’ai été assez heureux pour trouver plusieurs modifications bien remarquables de ce singulier acide ; et, désirant en quelque sorte prendre date, je viens provisoirement présenter à l’Académie les principaux résultats que j’ai obtenus, et je me propose de lui communiquer plus tard un mémoire assez étendu qui portera le titre de Faits pour servir à l’histoire de l’acide gallique.

» Le premier produit sur lequel j’appellerai l’attention de l’Académie, est celui qui résulte de la réaction de l’acide sulfurique concentré sur l’acide gallique. Je m’étais aperçu qu’en distillant brusquement cet acide, on obtenait une matière colorée en rouge jaune qui accompagnait l’acide pyrogallique, mais qu’on en peut facilement séparer au moyen de l’eau, en raison de son insolubilité dans ce véhicule. Il ne se produit ainsi qu’une très petite quantité de cette matière, et ce ne serait qu’en sacrifiant de grandes masses d’acide gallique, qu’on pourrait en obtenir assez pour l’examiner. Cependant, j’ai pu avec la très petite quantité que j’en ai recueillie par ce moyen, constater quelques propriétés qui m’ont paru se rapprocher assez de celles qui appartiennent à l’acide ellagique ; or on sait, d’après les expériences de M. Pelouze, que l’acide gallique n’en diffère que par un atome d’eau. Il s’agissait donc, pour reproduire la matière colorée, si telle était sa nature, d’obtenir cette modification d’une manière plus efficace, et j’ai cru que l’acide sulfurique m’en fournirait les moyens en raison de sa grande avidité pour l’eau. Il était cependant bien à craindre qu’un agent aussi énergique n’occasionât la destruction totale d’un corps qui cède si promptement à de bien moindres influences ; mais cette crainte même me fit apporter les plus grands ménagements dans cette réaction. Je fis donc un mélange de 10 grammes d’acide gallique et 50 grammes d’acide sulfurique concentré ; ce mélange d’abord assez liquide, prit bientôt la consistance d’une bouillie claire qu’on eut quelque peine à introduire dans un matras. Je chauffai d’abord très doucement, et dès les premières impressions de la chaleur le magma devint moins consistant et il acquit de la transparence ; c’est-à-dire que l’acide gallique fut entièrement dissous et sans que le liquide se colorât sensiblement. En continuant de chauffer, mais toujours avec les plus grandes précautions, je vis la liqueur prendre une teinte fauve, puis rosée et à partir de là, passer par toutes les nuances jusqu’au plus beau rouge foncé du carmin, et le liquide avait en même temps