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de celle du milieu gazeux tranquille, on ne peut plus admettre la formule deLaplace ; il faut recourir à une formule plus complexe, dans laquelle on a introduit les éléments véritables du problème. La formule que j’ai donnée dans mon Mémoire n’est elle-même qu’une approximation, car elle admet encore implicitement la loi de Mariotte et toutes les conséquences qui en découlent.

En résumé, la théorie mathématique n’a abordé jusqu’ici la propagation des ondes que dans un gaz parfait, c’est-à-dire dans un fluide idéal qui réunit toutes les propriétés que l’on a introduites hy pathétiquement dans le calcul. On ne s’étonnera donc pas de voir que les résultats de mes expériences soient souvent en désaccord avec la théorie.

I. D’après la théorie, une onde plane doit se propager indéfiniment dans un tuyau cylindrique rectiligne, en conservant la même intensité. Mes expériences démontrent, au contraire, que l’intensité de l’onde diminue successivement, et d’autant plus vite que le tuyau a une plus faible section.

Pour démontrer nettement ce fait, j’ai produit des ondes, d’intensité égale, avec un même pistolet chargé de i gramme de poudre, à l’orifice de conduites de sections très-différentes, et j’ai cherché à reconnaître la longueur du parcours au bout de laquelle le coup ne s’entend plus à l’oreille. J’ai cherché de plus à déterminer le parcours, beaucoup plus long, au bout duquel l’onde silencieuse cesse de marquer sur mes membranes les plus sensibles. J’ai trouvé ainsi :

ï° Dans une conduite à gaz d’Ivry, dont la section intérieure est de o m, io8, on entend encore le coup à la seconde extrémité, distante de 566 m,7 de l’origine, mais le son est très-affaibli. Si l’un ferme la seconde extrémité hermétiquement, avec une plaque de tôle, et qu’on place l’oreille à l’orifice du départ, il faut prêter la plus grande attention pour entendre le retour du coup. Ainsi, dans une conduite cylindrique rectiligne du diamètre de o m, io8, un parcours de n5o mètres suffit pour éteindre complètement le son produit par un coup de pistolet, avec une charge de i gramme de poudre.

2° Dans une conduite, du diamètre de o m,3o, de la route militaire, le coup de pistolet s’entend très-distinctement à l’autre extrémité, éloignée de 1905 mètres. Si l’on ferme cette extrémité avec une plaque de tôle, et qu’on applique l’oreille à l’orifice du départ, on entend encore l’onde réfléchie, mais la perception est à peine sensible. L’onde a alors parcouru, dans la conduite, un chemin de 38io mètres.

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