Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 069, 1869.djvu/238

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Pièces l’attention qu’elle méritait. Il n’a constaté que tardivement, à la suite d’une classification à laquelle il se livre assidûment quand on le laisse tranquille, qu’il avait souvent deux ou trois exemplaires de la même Pièce, et qu’à côté de celle qui a le plus d’apparence d’authenticité se trouvaient des copies, copies parfois infidèles, tantôt faites avec une écriture très-analogue et amenant alors bien des confusions, mais parfois aussi tracées avec des caractères qui n’ont plus la prétention de ressembler à ceux de l’écriture prétendue véritable. On conçoit donc que, dans ces conditions, ce qui s’est passé pour la Lettre de Galilée a dû se reproduire dans bien d’autres circonstances, et en voici quelques exemples.

» On conteste en Angleterre l’authenticité des Lettres de Newton ; M. Chasles en envoie quelques-unes, et notre si regretté confrère Breswster répond que ce n’est pas là l’écriture de son célèbre compatriote. J’ai voulu examiner moi-même certaines de ces Pièces et j’en ai porté le même jugement en signalant à M. Chasles les différences que j’apercevais. Mais deux ou trois jours après il m’en a montré de nouvelles qui présentaient avec la photographie d’une Lettre de Newton apportée de Genève par le P. Secchi une telle ressemblance, que, si elles avaient été examinées en Angleterre au lieu des imitations maladroites qui y ont été envoyées, on aurait été obligé de reconnaître qu’il y avait sinon identité, au moins une très-grande analogie avec l’écriture authentique de Newton.

» Je crois aussi que les Pièces que M. Chasles avait confiées à M. Faugère, et que celui-ci a fait photographier, ne sont pas de la main de Pascal ; mais M. Chasles m’en a montré d’autres qui ressemblent beaucoup plus à la forme habituelle des caractères du manuscrit des Pensées, et contre lesquelles on n’eût pu articuler ces objections d’une manière aussi nette.

» J’ai eu aussi à adresser à M. Chasles quelques observations critiques sur des Lettres attribuées à Maupertuis, à Fontenelle, etc., et il m’en a présenté d’autres que je ne pouvais pas assurer être vraies, car je n’ai pas la prétention d’être calligraphe, mais contre lesquelles je n’avais plus à faire les mêmes observations. J’ajoute que M. Chasles m’a toujours montré ces Pièces deux ou trois jours après que je lui avais énoncé les doutes qu’elles étaient destinées à dissiper : dira-t-on pour cela que le faussaire les avait fabriquées dans l’intervalle ? À l’explication que je viens de donner, et que tous ceux qui ont vu comme moi la Collection de notre confrère trouveront si naturelle, substituer cette hypothèse ridicule d’un faussaire, prévenant à chaque instant les désirs de M. Chasles dont il est le compagnon assidu, me paraît une preuve bien saillante des erreurs auxquelles on peut se laisser