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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 078, 1874.djvu/1426

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roforme ait eu le temps de s’évaporer, je recouvre la feuille de baume du Canada sec dissous dans du chloroforme. La feuille prend alors une très-belle transparence, et les trachées, qui sont impénétrables au chloroforme, étant restées remplies d’air, se dessinent en noir. Quand on n’a pas sous la main une pareille dissolution de baume du Canada, on peut faire usage du procédé suivant, qui permet de distinguer les trachées avec beaucoup de netteté, quoique très-peu colorées. Quelques gouttes d’alcool sont déposées sur la lame de verre, une feuille bien sèche est couchée dessus ; quand elle en est bien imbibée, l’alcool est enlevé tout autour avec une fine pipette. Quelques gouttes d’eau sont mises alors sur la feuille, et cette addition est renouvelée fréquemment pendant dix minutes ou un quart d’heure. L’excédant d’eau à côté de la feuille est enlevé avec la pipette, et la feuille est recouverte d’eau gommée de la consistance du miel. Le verre mince étant appliqué dessus, on laisse sécher.

» À l’aide de ces préparations, j’ai pu constater que du sommet du noyau de chaque glande part une trachée qui suit l’axe du poil, traverse la feuille et le pétiole et va se rendre dans la tige. Les trachées qui partent des poils de la région médiane de la feuille se réunissent en un faisceau qui traverse l’axe du pétiole. De chaque côté de la feuille, les trachées des poils des parties latérales se réunissent pareillement en faisceaux qui traversent le pétiole en longeant ses bords. Ces trois faisceaux pénètrent dans la tige ; un peu au-dessous de l’aisselle de la feuille, ils se réunissent, et en décrivant une petite courbe ils se dirigent vers le conduit médullaire qu’ils longent en allant vers la racine. Dans la feuille, outre les trachées qui vont aux poils, le faisceau médian possède deux trachées qui, sans communiquer avec aucun poil, vont, en passant par la partie supérieure de la feuille, s’unir, l’une au faisceau de droite, l’autre au faisceau de gauche. C’est la seule communication qui existe dans la feuille entre les trois faisceaux de trachées.

» Comme je n’ai trouvé dans ces feuilles, outre les trachées et les filaments qui les accompagnent, aucun autre élément que de grosses cellules, j’ai été conduit à me demander si ce n’est pas par les trachées que les irritations se transmettent, et comme elles ne présentent pas d’anastomoses, j’ai dû me demander si cette transmission ne se fait pas par l’intermédiaire d’un centre commun situé ailleurs que dans la feuille. Pour élucider cette question, j’ai fait l’expérience suivante : J’ai fait sur un certain nombre de feuilles à mi-hauteur du limbe, tantôt la section du faisceau de trachées