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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 148, 1909.djvu/1231

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SÉANCE DU 3 MAI 1909. 1231

M. E.-A.. Martel, de la caverne de Trépail près Reims {Comptes rendus, 16 juin 1902 ; Bull. Cart. géol., t. XIII, n° 88, 1902), les petites rivières souterraines signalées dans la craie sénonienne par M. Ferray dans le bassin de l’Itou, et par M. Le Couppey de la Forest dans le bassin de la Vanne, enfin les ruisseaux et petits abîmes rencontrés par l’un de nous (A. Viré) dans la vallée de Lunain (Bull. Muséum, n° 6, 1897, p. 287, et Bull. Soc. Spéléologie, juin 1897).

Le puits de la Bosse a rencontré tout à fait par hasard la galerie artificielle par son point terminus, et la galerie naturelle par une de ses parois.

Pour la galerie naturelle, le puits l’a abordée au carrefour de trois galeries qui vont l'une au Nord, la seconde à l’Est, la troisième à l’Ouest.

Celle du Nord, étroite, se termine au bout de 7m seulement par un cul-de-sac où aboutissent de petites fissures de la voûte.

La branche de l’Ouest se ramifie bientôt elle-même en une série de galeries d’un développement total de 78m.

Enfin la branche Est se coude à 10m de son origine et prend une direction générale au Sud, avec un développement de 130m et 25m de petites galeries latérales.

Le tout donne une longueur totale de 240m.

Au point terminal de la galerie du Sud, nous avons été arrêtés par des éboulis dont le déblai nous permettra peut-être un jour de pousser plus avant l’exploration.

La hauteur moyenne de toutes ces cavités ne dépasse pas 0m,5o à 0m,70, ce qui, on le conçoit, en rend le parcours particulièrement pénible. La largeur varie de 1m à 6m. En certains points seulement, là où des fissures remontent vers le sol et ont amené un courant d’eau, les parois ont été érodées en forme de dômes irréguliers atteignant de 1m,50 à 3m de hauteur. En deux points aussi, dans la galerie du Sud, de petits éboulements de la voûte ont donné une hauteur de 2m environ.

D’un bout à l’autre des galeries, les parois de ce calcaire tendre ont été puissamment corrodées par l’action chimique de l’eau. Des cupules en cônes plus ou moins allongés, de 0m,10 à 0m,15 de diamètre, de 0m,02 à 0m,15 de profondeur, ont été creusées et se réunissent par leurs bords en arêtes très tranchantes.

Par places les fossiles, plus résistants (oursins, baguettes de Cidaris), n’ont pas été dissous par les eaux et restent en saillie sur la paroi.

Tout ceci, joint à la faible dénivellation des galeries, indique qu’il exista jadis en cet endroit un ruisseau souterrain d’allure calme, aux eaux relativement chargées d’acide carbonique et circulant sans doute sous pression.

À l’heure actuelle toute trace de circulation d’eau a disparu et l’état des lieux fait supposer qu’il en est ainsi depuis fort longtemps.

Les eaux ont dû être captées par des fissures qui doivent s’étendre en un nouveau réseau à 3m environ au-dessous des galeries primitives. Le niveau des eaux du puits est, en effet, à cette hauteur. Le mode de captation est

C. R., 1909), 1er Semestre. (T. CXLVIII, N° 18.) 159