Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 157, 1913.djvu/1406

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1406
ACADÉMIE DES SCIENCES.

féconde. Elle a donné, pour la première fois, une déduction de la loi de variation thermique de l’aimantation à saturation. Elle a conduit à la loi de variation linéaire de l’inverse du coefficient d’aimantation au-dessus du Point de Curie, insoupçonnée jusque-là et que l’expérience a abondamment vérifiée. Elle a montré que l’anomalie thermique des ferromagnétiques est, non une chaleur de transformation, mais une discontinuité de la chaleur spécifique vraie, et a permis de calculer, a priori, la grandeur de cette discontinuité en partant des seules données magnétiques. Elle a fourni une image fidèle des propriétés magnétocristallines de la pyrrhotine, si riches d’aspects avec le plan magnétique, la direction de facile aimantation, les champs démagnétisants internes.

Cependant, il est impossible de concevoir ce champ moléculaire comme un véritable champ magnétique. Il a été introduit dans les calculs comme un champ uniforme. Mais le théorème de la continuité du flux et de l’intégrale du champ le long d’un contour fermé s’opposent à ce qu’il le soit. Cette impossibilité d’un champ magnétique uniforme revêt une forme particulièrement frappante si l’on met son énorme grandeur, voisine de io T gauss, en rapport avec le théorème de la continuité du flux. Mais, même en supposant le champ moléculaire non uniforme et localisé dans des régions peu étendues, il semble impossible qu’il soit produit, soit par des pôles, soit par des électrons en mouvement. Il faudrait que les pôles ou électrons appartenant à des atomes différents fussent pratiquement au contact, ce qui n’est guère compatible avec l’agitation thermique.

En supposant le champ moléculaire magnétique, on fait une hypothèse inutilement spécialisée. Les forces peuvent être de nature quelconque : au lieu d’ajouter un champ magnétique fictif au champ extérieur, on ajoutera les moments des forces intérieures aux moments provenant du champ magnétique extérieur.

Si l’on pouvait étudier une substance, formée de molécules données, a toutes les densités, on posséderait la loi de variation des actions produisant le champ moléculaire avec la distance. L’étude des alliages des métaux ferromagnétiques résout cette question, au moins dans un cas particulier. La figure montre la variation du coefficient N en fonction de la composition dans les systèmes fer-cobalt, fer-nickel et nickel-cobalt. Deux cas se présentent : ou N suit la loi linéaire, où il s’en écarte notablement. Je considérerai seulement le premier qui est probablement caractéristique des métaux à solubilité réciproque illimitée, sans complications. Si l’un des métaux était neutre magnétiquement et servait uniquement à diluer l’autre, le coefficient N de