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ACADÉMIE DES SCIENCES.

Le pigment jaune, qui se forme normalement dans les feuilles vertes de Vigne-vierge, ne peut d’ailleurs être appelé un chromogène : tout d’abord parce qu’il constitue lui-même un pigment et n’est pas seulement un générateur de pigment ; et même, si l’on donne au mot chromogêne le sens de générateur d’anthocyane, cette appellation ne peut convenir parce que le pigment jaune ne précède pas dans tous les cas la formation du pigment anthocyanique ; souvent, en effet, l’anthocyane est le premier pigment qui apparaît dans la cellule, le pigment jaune ne s’y rencontre pas, ou bien ne prend naissance qu’après l’anthocyane ; c’est ce qui a lieu, par exemple, dans le rougissement des jeunes feuilles au printemps.

Le terme proanthocyane ne convient pas mieux, car, ainsi que je viens de le dire, le pigment jaune ne précède pas toujours le pigment rouge ; mais, d’autre part, ce terme implique l’idée d’un corps transitoire dont toute l’importance est de donner naissance à l’anthocyane.

Or cette manière de voir est actuellement en contradiction avec les nouveaux résultats que j’ai obtenus. Il est évident, qu’au point de vue physiologique, le pigment jaune que j’ai isolé, et qui correspond dans une certaine mesure aux chromogènes ou aux proanthocyanes de quelques auteurs, présente au contraire l’importance la plus grande. En effet, le pigment jaune se forme dans les feuilles pendant toute la période de végétation activej tandis que le pigment anthocyanique n’existe que dans les jeunes feuilles incomplètement développées ou dans les vieilles feuilles en train de mourir.

Les premiers résultats, obtenus dans l’étude de la composition chimique du pigment jaune et du pigment anthocyanique rouge de la’ Vigne-vierge, me conduisent à considérer ces deux corps comme appartenant au groupe des phéno-y-pyrones. On sait qu’un certain nombre de représentants de ce groupe ont été extraits des végétaux où ils constituent des pigments jaunes et ont pu être reproduits synthétiquement. Il paraissait intéressant de soumettre quelques-uns de ces corps, dont la constitution est parfaitement connue, à l’action réductrice qui m’a amené à la production artificielle de l’anthocyane.

Placés dans des conditions identiques à celles qui m’ont permis de transformer le pigment jaune naturel de la Vigne-vierge en anthocyane, les corps sur lesquels j’ai opéré ont donné naissance à des pigments rouges qui présentent les propriétés des anthocyanes. Les pigments jaunes que j’ai employés ayant été reproduits par synthèse, l’identification définitive avec les anthocyanes naturelles des pigments rouges qu’ils m’ont fourni par