Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/104

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velle école un plein équivalent des services que cette organisation lui procurera.

Ce grand résultat ne pourrait être suffisamment obtenu si cet enseignement continu restait destiné à une seule classe quelconque, même très étendue : on doit, sous peine d’avortement, y avoir toujours en vue l’entière universalité des intelligences. Dans l’état normal que ce mouvement doit préparer, toutes, sans aucune exception ni distinction, éprouveront toujours le même besoin fondamental de cette philosophie première, résultée de l’ensemble des notions réelles, et qui doit alors devenir la base systématique de la sagesse humaine, aussi bien active que spéculative, de manière à remplir plus convenablement l’indispensable office social qui se rattachait jadis à l’universelle instruction chrétienne. Il importe donc beaucoup que, dès son origine, la nouvelle école philosophique développe, autant que possible, ce grand caractère élémentaire d’universalité sociale, qui, finalement relatif à sa principale destination, constituera aujourd’hui sa plus grande force contre les diverses résistances qu’elle doit rencontrer.

Afin de mieux marquer cette tendance nécessaire, une intime conviction, d’abord instinctive, puis systématique, m’a déterminé, depuis longtemps, à représenter toujours l’enseignement exposé dans ce Traité comme s’adressant surtout à la classe la plus nombreuse, que notre situation laisse dépourvue de toute instruction régulière, par suite de la désuétude croissante de l’instruction purement théologique, qui, provisoirement remplacée, pour les seuls lettrés, par une certaine instruction métaphysique et littéraire, n’a pu recevoir, surtout en France, aucun pareil équivalent