Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/114

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désormais réduites presque à de vaines rivalités personnelles. Quels que soient les efforts journaliers de l’agitation métaphysique pour les faire intervenir dans ces frivoles débats, par l’appât de ce qu’on nomme les droits politiques, l’instinct populaire a déjà compris, surtout en France, combien serait illusoire ou puérile la possession d’un tel privilège, qui, même dans son degré actuel de dissémination, n’inspire habituellement aucun intérêt véritable à la plupart de ceux qui en jouissent exclusivement. Le peuple ne peut s’intéresser essentiellement qu’à l’usage effectif du pouvoir, en quelques mains qu’il réside, et non à sa conquête spéciale. Aussitôt que les questions politiques, ou plutôt dès lors sociales, se rapporteront ordinairement à la manière dont le pouvoir doit être exercé pour mieux atteindre sa destination générale, principalement relative, chez les modernes, à la masse prolétaire, on ne tardera pas à reconnaître que le dédain actuel ne tient nullement à une dangereuse indifférence : jusque-là, l’opinion populaire restera étrangère à ces débats, qui, aux yeux des bons esprits, en augmentant l’instabilité de tous les pouvoirs, tendent spécialement à retarder cette indispensable transformation. En un mot, le peuple est naturellement disposé à désirer que la vaine et orageuse discussion des droits se trouve enfin remplacée par une féconde et salutaire appréciation des divers devoirs essentiels, soit généraux, soit spéciaux. Tel est le principe spontané de l’intime connexité qui, tôt ou tard sentie, ralliera nécessairement l’instinct populaire à l’action sociale de la philosophie positive ; car cette grande transformation équivaut évidemment à celle, ci-dessus motivée par les plus hautes considérations spéculatives, du mouvement politique actuel en