Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son éternelle doctrine, et vouer tous ses adversaires quelconques à une irrévocable damnation ; l’autre, dans les nombreuses chaires que lui entretient la munificence nationale, peut journellement développer, devant d’immenses auditoires, l’universelle efficacité de ses conceptions ontologiques et la prééminence indéfinie de ses études littéraires. Sans prétendre à de tels avantages, que le temps doit seul procurer, l’école positive ne demande essentiellement aujourd’hui qu’un simple droit d’asile régulier dans les localités municipales, pour y faire directement apprécier son aptitude finale à la satisfaction simultanée de tous nos grands besoins sociaux, en propageant avec sagesse la seule instruction systématique qui puisse désormais préparer une véritable réorganisation, d’abord mentale, puis morale, et enfin politique. Pourvu que ce libre accès lui reste toujours ouvert, le zèle volontaire et gratuit de ses rares promoteurs, secondé par le bon sens universel, et sous l’impulsion croissante de la situation fondamentale, ne redoutera jamais de soutenir, même dès ce moment, une active concurrence philosophique envers les nombreux et puissants organes, même réunis, des deux écoles anciennes. Or, il n’est plus à craindre que désormais les hommes d’État s’écartent gravement, à cet égard, de l’impartiale modération de plus en plus inhérente à leur propre indifférence spéculative : l’école positive a même lieu de compter, sous ce rapport, sur la bienveillance habituelle des plus intelligents d’entre eux, non seulement en France, mais aussi dans tout notre Occident. Leur surveillance continue de ce libre enseignement populaire se bornera bientôt à y prescrire seulement la condition permanente d’une vraie positivité, en y écartant, avec