Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mènes quelconques à ceux que nous produisons nous-mêmes, et qui, à ce titre, commencent par nous sembler assez connus, d’après l’intuition immédiate qui les accompagne. Pour bien comprendre l’esprit, purement théologique, résulté du développement, de plus en plus systématique, de cet état primordial, il ne faut pas se borner à le considérer dans sa dernière phase, qui s’achève, sous nos yeux, chez les populations les plus avancées, mais qui n’est point, à beaucoup près, la plus caractéristique : il devient indispensable de jeter un coup d’œil sur l’ensemble de sa marche naturelle, afin d’apprécier son identité fondamentale sous les trois formes principales qui lui sont successivement propres.

La plus immédiate et la plus prononcée constitue le fétichisme proprement dit, consistant surtout à attribuer à tous les corps extérieurs une vie essentiellement analogue à la nôtre, mais presque toujours plus énergique, d’après leur action ordinairement plus puissante. L’adoration des astres caractérise le degré le plus élevé de cette première phase théologique, qui, au début, diffère à peine de l’état mental où s’arrêtent les animaux supérieurs. Quoique cette première forme de la philosophie théologique se retrouve avec évidence dans l’histoire intellectuelle de toutes nos sociétés, elle ne domine plus directement aujourd’hui que chez la moins nombreuse des trois grandes races qui composent notre espèce.

Sous sa seconde phase essentielle, constituant le vrai polythéisme, trop souvent confondu par les modernes avec l’état précédent, l’esprit théologique représente nettement la libre prépondérance spéculative de l’imagination, tandis que jusqu’alors l’instinct et le senti-