Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/44

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d’en mieux saisir l’ensemble, soit en vertu de la spontanéité plus intime des applications correspondantes, qui, depuis vingt siècles, s’y trouvent évidemment liées aux plus sublimes spéculations, comme ce Traité le fera nettement sentir. Mais il importe surtout de bien reconnaître, à cet égard, que la relation fondamentale entre la science et l’art n’a pu jusqu’ici être convenablement conçue, même chez les meilleurs esprits, par une suite nécessaire de l’insuffisante extension de la philosophie naturelle, restée encore étrangère aux recherches les plus importantes et les plus difficiles, celles qui concernent directement la société humaine. En effet, la conception rationnelle de l’action de l’homme sur la nature est ainsi demeurée essentiellement bornée au monde inorganique, d’où résulterait une trop imparfaite excitation scientifique. Quand cette immense lacune aura été suffisamment comblée, comme elle commence à l’être aujourd’hui, on pourra sentir l’importance fondamentale de cette grande destination pratique pour stimuler habituellement, et souvent même pour mieux diriger, les plus éminentes spéculations, sous la seule condition normale d’une constante positivité. Car, l’art ne sera plus alors uniquement géométrique, mécanique ou chimique, etc., mais aussi et surtout politique et moral, la principale action exercée par l’Humanité devant, à tous égards, consister dans l’amélioration continue de sa propre nature individuelle ou collective, entre les limites qu’indique, de même qu’en tout autre cas, l’ensemble des lois réelles. Lorsque cette solidarité spontanée de la science avec l’art aura pu ainsi être convenablement organisée, on ne peut douter que, bien loin de tendre aucunement à restreindre les saines spécula-