Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/111

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Elle comprenait que la simple vie chrétienne ne suffirait jamais à ce cœur-là ; qu’un jour ou l’autre, il lui faudrait l’abandonner à Dieu tout entier.

Ils firent quelques tours en silence. Elle tenait la tête baissée et des larmes involontaires, irrépressibles, inondaient son visage.

Lui restait-il quelque espoir ? Peut-être, car, tout à coup, elle s’arrêta et, relevant la tête :

— Charles, dites-le moi, demanda-t-elle avec une énergie soudaine, voulez-vous vraiment nous quitter ?… est-ce la seule volonté de vos parents qui vous retient dans le monde ?… hésitez-vous encore ?…

Le regard qu’elle attachait sur lui le fit pâlir, mais il répondit fermement :

— Non, Gisèle, je n’hésite pas, ma résolution est bien arrêtée : je veux la pauvreté… je veux la souffrance… je veux la croix… Je veux me donner à Jésus-Christ comme il s’est donné à moi ; et, sans mon père, il y a longtemps que je vous l’aurais dit.

Elle ne prononça pas une parole ; mais son visage, déjà fort pâle, se couvrit d’une teinte livide et ses traits charmants se creusèrent soudain.

Les yeux de Charles Garnier se remplirent de larmes :

— Ma chère petite sœur, murmura-t-il, c’est