Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/143

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Canada apprendre aux pauvres sauvages qu’ils ont été rachetés à un grand prix… Va, ne crains rien… je serai avec toi, moi la joie du ciel, moi le Dieu tout-puissant.

Chère sœur, j’aurais bien voulu partir, l’an dernier, avec le P. de Brébeuf et M. de Champlain, et j’ai mis tout en œuvre. Mais mes supérieurs ont jugé que ce serait un coup trop terrible pour mes parents. Ils ne veulent pas leur imposer ce sacrifice. Ils disent que je n’irai jamais au Canada, à moins que mon père n’y consente.

Ce consentement, Gisèle, voulez-vous vous charger de me l’obtenir ? C’est avec confiance que je remets ma cause entre vos mains.

Jusqu’ici, j’ai employé inutilement toutes les influences ; mais la tendresse que mon père a pour vous, vous rend bien puissante et — c’est mon impression — la Vierge immaculée, que je prie sans cesse, veut se servir de vous.

Que la pensée de la séparation, que les souffrances qui m’attendent là-bas, ne vous arrêtent point. Tout ce qui passe — peines ou joies — est si peu de chose !

Gisèle, le vrai bonheur, le seul bonheur, c’est de tout sacrifier à celui qui sera un jour notre éternelle récompense. »

Mademoiselle Méliand n’avait pas lu la lettre