Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/146

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qui a apporté nos lettres en avait sans doute pour elle.

— Mon Dieu ! murmura la jeune fille émue jusqu’aux larmes, que j’étais loin de m’attendre à sa mort !

— Moi aussi. Il y a des vies si utiles, si fécondes, qu’elles nous semblent à l’abri de la mort !

— C’est bien vrai. Je le croyais à l’abri tant que la Nouvelle-France ne serait pas affermie. Il me semblait qu’il verrait sa colonie florissante avant de mourir.

— Il est mort à la peine. Cela suffit, Gisèle, dit noblement le jésuite.

— Mais il aurait été si heureux de voir son œuvre prospère ! Il faisait de si beaux rêves pour sa Nouvelle-France !

Le religieux sourit.

— Ma chère enfant, dit-il, dans la bataille de la vie, il y a plus de morts que dans n’importe quelle bataille… Les désirs, les rêves restent le long du chemin — au moins dans ce qu’ils ont de plus beau, de plus doux. M. de Champlain savait bien cela. Mais toujours il a créé la Nouvelle-France… Ne le plaignez pas ; aux plus beaux succès humains, il manque toujours tant de choses !

— Il aurait été un ami pour vous, là-bas, dit la jeune fille qui pleurait.