Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/149

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Ensuite, il s’approcha de son père qui sommeillait péniblement. Pendant quelques instants, il demeura debout près du lit, à le regarder en silence.

Ses yeux, qui restèrent secs et brillants, se creusèrent tout à coup. Il pâlit affreusement ; et, sans prononcer une parole, embrassa son père et le bénit.

Sa mère s’était jetée défaillante sur un siège. Il s’agenouilla devant elle :

— Ma mère, dit-il, que je vous remercie !… que je vous aime !…

Elle le regarda muette, livide… On sentait qu’elle souffrait plus que pour mourir.

Il lui dit que la vie n’est pas longue, qu’ils se retrouveraient au ciel ; et, la serrant contre son cœur, il baisa son visage décomposé, et voulut se relever.

Mais elle s’attacha à lui, et, gémissant et sanglotant, le saisit dans un embrassement suprême.

Elle le retint bien longtemps.

— Ma mère, dit-il, enfin, avec un accent irrésistible ; pour l’amour de Jésus-Christ !

Et, s’arrachant à son étreinte désespérée, il la remit comme morte entre mes bras, et sortit sans retourner la tête.

Pauvre femme ! sa première parole, en reve-