Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/167

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encore beaucoup si au bout de quelque temps vous arrivez à bégayer.

« Et puis, comment penseriez-vous passer ici l’hiver ! Nous avons une cabane bâtie de simples écorces, mais si bien jointes, que nous n’avons que faire de sortir dehors, pour voir quel temps il fait. La fumée est bien souvent si épaisse, si aigre, si opiniâtre, que les cinq et six jours entiers, si vous n’êtes tout à fait à l’épreuve, c’est bien tout ce que vous pourrez faire que de connaître quelque chose dans votre bréviaire. Avec cela, nous avons, depuis le matin jusqu’au soir, notre foyer toujours assiégé de sauvages.

« Au reste, jusqu’à présent nous n’avons eu que des roses ; dorénavant que nous aurons des chrétiens presque en tous les villages, il faudra y faire des courses en toute saison et y demeurer selon les occurrences, des quinze jours, des trois semaines entières, dans des incommodités qui ne se peuvent dire. Ajoutez à tout cela, que notre vie ne tient qu’à un fil, car outre que votre cabane n’est que comme de paille et que le feu y peut prendre à tout moment, nonobstant le soin que vous apportez pour détourner ces accidents, la malice des sauvages vous donne sujet d’être de ce côté-là dans des craintes continuelles. Un mécontent vous peut fendre la tête ou brûler à l’écart. Et puis