Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/179

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passés avant nous. S’il m’eût fait cette faveur, je serais un peu plus abattu que je ne suis.

Qu’il soit béni de tous les anges ! Il a traité l’enfant comme un enfant : je n’ai point ramé, je n’ai porté que mon sac, sinon, que depuis trois jours, j’ai pris aux portages un petit paquet qu’on m’a présenté, à raison qu’un de nos sauvages est tombé malade. N’est-ce pas être traité en enfant ? Le mal est que celui qui se plaint de ne pas souffrir beaucoup, reçoit avec beaucoup de lâcheté les souffrances que Notre-Seigneur lui présente. Mais que faire à cela, sinon de jeter mon pauvre, faible et chétif cœur entre les mains de mon bon maître et de vous prier de bénir ce Seigneur de ce qu’il me donne l’espérance d’être un jour tout à lui.

Nous arrivâmes à l’île, la veille de la Saint-Ignace.

Nous achetâmes du blé d’Inde, nos pois nous manquant. Ce blé nous a conduits jusqu’ici, nos sauvages n’en ayant serré en aucun lieu. Nous n’avons guère trouvé de poisson.

Adieu, mon révérend Père. Faites-moi tel par vos prières, qu’il faut que je sois au lieu où vous m’envoyez de la part de Dieu.