Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/188

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Au-dessus de leurs têtes, la forêt, vieille comme le monde, étendait son dôme frais et mouvant. Des gazouillements, des chants d’oiseaux, des rumeurs vagues, charmantes, s’élevaient de partout. Tout embaumait, tout bruissait.

— Le beau chemin ! fit Charles Garnier qui oubliait sa fatigue.

— Oui… dans la belle saison, ces chemins verts sont fort agréables, dit doucement le P. de Brébeuf.

— Et que fîtes-vous, mon Père, en vous voyant abandonné ?

— L’endroit ne m’était pas inconnu, mais le village de Toanché, où j’avais vécu cinq ans auparavant, avait disparu… Je vous avoue que je me sentis un peu triste. Mais ce fut l’affaire d’un instant… Je remerciai Dieu qui m’avait conduit jusque-là… je saluai les anges gardiens du pays… puis après avoir caché mon bagage dans le bois, n’emportant que les vases sacrés, je m’en allai à la découverte de mes sauvages.

— Vous parlez bien le huron maintenant ? demanda Charles Garnier, avec envie.

— Je comprends tout ce que mes sauvages me disent et j’arrive à me faire comprendre… même pour nos plus ineffables mystères… Mes premiers élèves, le P. Daniel et le P. Davost commencent