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Mademoiselle Méliand passa donc seule au parloir.

C’était là, que huit ans auparavant, elle avait dit adieu à Charles Garnier, et comme elle entrait, elle le revit, à la merveilleuse lueur du souvenir, tel qu’elle l’avait vu pour la dernière fois, lui montrant le ciel.

Elle s’assit à la petite table où ils avaient eu leur suprême entretien et tâcha de contenir l’émotion soudaine qui gonflait son cœur.

Le supérieur ne tarda pas à arriver avec le P. Jogues.

Il présenta mademoiselle Méliand, fit observer que c’était elle qui avait chanté, rappela qu’elle était la parente du P. Garnier, et saluant, se retira.

— Je vous suis fort obligé d’avoir eu la bienveillance de venir chanter à ma messe, dit le missionnaire : j’ai été ravi de vous entendre, et je serai heureux de vous parler du P. Garnier… Quand je l’ai quitté, il était en parfaite santé.

Le P. Jogues parlait gaiement et sa figure touchante reflétait la paix de son âme.

— Y a-t-il bien longtemps, mon Père, que vous avez vu le P. Garnier pour la dernière fois ?

— Je l’ai vu pour la dernière fois le 2 juin