sans faiblir. Depuis son baptême, il répétait souvent : Je serai heureux au ciel.
Le P. Jogues parlait avec une émotion singulièrement communicative.
— Vous avez été plus d’un an chez les Iroquois ? demanda Gisèle qui pleurait.
— Oui, mon enfant, mais ne pleurez pas sur moi. Pendant mon esclavage, j’ai baptisé soixante-dix personnes, enfants, jeunes gens, vieillards, qui sont maintenant dans le paradis. Dieu a ses élus partout et le missionnaire n’est jamais sans consolations… Ah ! croyez-moi, je serais bien à plaindre, si je n’avais l’espoir de retourner chez mes sauvages. Dieu ne m’a jugé digne du martyre, mais je vais retourner bientôt à ma mission… J’ai la promesse de mes supérieurs.
Le jésuite se tut. On eût dit que son regard apercevait la terre lointaine arrosée de ses sueurs et de son sang.
Après quelques instants de silence :
— Mon Père, dit Gisèle, j’ai une faveur à vous demander… Voulez-vous me laisser regarder vos mains ?
Rien n’était plus pénible à l’humilité du missionnaire.
Cependant il se rendit à sa demande, et ouvrant ses mains qu’il avait jusque là tenues