Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/28

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de la jeune fille, ne trouvez-vous pas que la Providence a bien arrangé les choses ?

Mademoiselle Méliand sourit. Une rougeur fugitive colora son visage d’ordinaire un peu pâle.

— Quand j’allai vous chercher, après la mort de votre mère, continua doucement madame Garnier, vous aviez un bien grand chagrin… Vous ressentiez votre malheur d’une façon tout à fait extraordinaire chez une enfant si jeune… Malgré mes efforts, vous restiez inconsolable. En dépit de tous mes soins, vous dépérissiez comme une pauvre petite plante déracinée. Je vous assure que je commençais à être inquiète, quand la pensée me vint d’envoyer chercher Charles au collège.

— Vous rappelez-vous le temps qu’il faisait lorsqu’il arriva ? demanda vivement Gisèle. Je vois encore sa tête blonde toute mouillée… sa jolie petite mine d’écolier… et ce regard si doux, si compatissant qu’il attachait sur moi.

— Il était un bien aimable enfant ; et je me rappelle encore avec quelle attention il m’écoutait, pendant que je lui disais que vous alliez mourir s’il ne réussissait pas à se faire aimer… à vous faire jouer… Ce soir là, vous en souvenez-vous ? je vous fis souper tous les deux seuls à une petite table devant le feu.