Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/64

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Dieu… et autres discours de l’autre monde. Je ne vois que trop qu’il se tourmente, qu’il hésite.

— Mais pourra-t-il hésiter longtemps ? Songez un peu : à vingt ans, la trouver à son foyer, vivre dans une intimité pareille !

— Sa voix le ravit, poursuivit M. Garnier visiblement soulagé. Il dit que rien n’est beau comme la voix humaine, quand elle est belle.

C’est vrai. J’ai reconnu cela, hier soir, en écoutant mademoiselle Méliand. Madame de Champlain en est enthousiasmée. Elle dit que la voix de cette enfant l’emporte au ciel.

— Et vous ? demanda le magistrat, riant.

— Moi ! Ah ! j’ai tant de plomb dans les ailes !… Mais cette jeune fille a des dons admirables… avec un grand éclat d’innocence, et quelque chose dans l’expression qui dit la force et la beauté de l’âme. Le bon Dieu vous a donné là une bien aimable fille.

— Je me le dis souvent avec une vive reconnaissance. Mais Charles est si étrange ; il ressemble si peu aux autres jeunes gens !

— Il n’est ni sourd, ni aveugle ?

— Non, fit le magistrat, riant.

— Eh bien, soyez tranquille… son sort est fixé, à moins que sa petite cousine ne veuille pas de lui.

— Ce n’est pas cela qui m’inquiète. Toute